Les réactions humaines sont le résultat de réflexes innés et de comportements acquis au cours de la vie. Le réflexe d’agression, lié à l’instinct de défense, est inné chez l’homme. L’agresseur se défend car il pense être attaqué, alors qu’il ne l’est pas forcément. Il veut être vainqueur, avoir le dessus, voire, éliminer son adversaire.Mais l’homme est un être sociable. Il doit donc apprendre à vivre en société ; les règles de vie en société sont données par l’éducation. Et ces règles peuvent varier d’un pays à l’autre : « nous sommes frères par la nature, mais étranger par l’éducation », disait Confucius. Ce qui n’est pas inné est acquis, soit par la culture, qui fait partie de l’inconscient collectif, soit par l’expérience personnelle soit par l’éducation donnée par la famille, l’école ou le travail.Régler les conflits, non plus en éliminant son adversaire, mais en cherchant une solution amiable et pacifique s’apprend. L’homme a l’instinct de défense dans ses gènes ; il doit acquérir le réflexe de paix. La guerre est innée, la…
(Extraits du discours prononcé le 6 juin 2014, lors du colloque donné pour les 10 ans de la création de GEMME, à la Cour de cassation. Publié aux Éditions l’Harmattan in « La médiation, un chemin de paix pour la Justice en Europe – GEMME, 10 ans déjà… ») La proclamation à l’excès des droits de l’homme a fait naître en chacun l’esprit individualiste. L’austérité d’une éducation fondée sur le devoir a cédé la place à quelque chose de bien plus excitant : la liberté individuelle. Si l’individu a des droits sans connaître les devoirs qui en sont la contrepartie, on comprend, dès lors, le phénomène de la judiciarisation des conflits. Et il faut bien reconnaître l’incapacité de nos gouvernants à lutter contre l’engorgement de la justice. Dans certains pays européens, l’allongement des procédures est tel qu’il peut parfois être assimilé à un déni de justice.Au-delà de l’engorgement des tribunaux, la qualité de la réponse judiciaire est aussi à repenser : justice parfois désuète, tournée vers le passé, occupée à…
Interview de Béatrice Blohorn-Brenneur, Juge, Béatrice Blohorn-Brenneur* bouleverse les habitudes du monde judiciaire en allant à la recherche de nouvelles voies dans la résolution des conflits. Comment définissez-vous la médiation ?La médiation s’est imposée à moi, car trop souvent je percevais qu’après le verdict prononcé, les personnes en litige restaient sur leur aigreur et estimaient que la décision de justice rendue en droit n’avait pas donné une réponse satisfaisante à leurs revendications. Le médiateur est ce tiers qui permet aux personnes en conflit de se parler, de s’expliquer et de s’écouter sans s’attaquer. Il s’agit d’aider les personnes à se comprendre, à mettre des mots sur des maux. Car nos préjugés fonctionnent comme un filtre et, en cas de conflit, nous ne saisissons qu’une partie de la vérité, rarement celle de l’autre. En médiation, le maître mot est : « on s’explique ».Quels types de litiges sont concernés ?Le champ ouvert à la médiation est immense et concerne aussi bien le milieu professionnel (travail, entreprise, commercial)…